De « Behavioural sciences »
Je viens d’apprendre que l’atmosphère de l’UNESCO est toujours aussi joyeuse que celle que j’y ai connue. Je dirai deux choses : la première c’est que nous parlons très souvent à un niveau très général que j’ai toujours déploré dans les milieux internationaux. Par exemple, quand on évoque les questions du centralisme ou la centralisation, on parle comme si la planète entière mettait le même sens dans les mêmes mots. Si nous parlions de la France par exemple, il est certain que le mot centralisation ne signifierait pas du tout la même chose qu’en Grande-Bretagne.
D’autre part, il y a une question un peu plus immédiate et plus grave ou plus délicate que je me permets de poser à nos collègues des sciences sociales américaines. Je vois qu’on gémit beaucoup, dans le milieu des sciences sociales, sur la télévision et la destruction des valeurs, et qu’on appelle de ses voeux, j’ai noté ici une formule « la création d’un individu civique fort ». Alors moi je m’interroge sur les méthodes que suivront les « scientistes » en Amérique pour parvenir à créer cet individu civique fort et je voudrais poser cette question : Est-ce que nous allons continuer sur la pente où nous sommes et est-ce que les « behavioural sciences » vont se répandre sur la planète toute entière sans qu’il soit possible d’y faire face ? Les « behavioural sciences » sont l’une des violences du siècle que j’associe parfois aux propagandes de crétinisation dont un certain nombre d’hommes politiques sont familiers. Il serait très intéressant d’ouvrir au hasard un certain nombre d’ouvrages de management qui diffusent dans le monde entier des doctrines qui sont purement et simplement destructrices de la condition humaine dans sa racine. Voilà la question que je pose, étant donné par ailleurs l’énorme pouvoir de diffusion du système des banques de données, de l’information bibliographique, etc.
Je souhaiterais aussi répondre à l’un de nos collègues qui parlait de télévision pour s’en plaindre. Si les enfants sont submergés d’images de télévision, il existe toujours la possibilité d’éteindre la télévision. Voilà quelques petites remarques anodines, mais la plus grave, dans ma bouche en tout cas, concerne l’absence de critiques de fond sur cette propagande pseudo-scientifique autour des sciences sociales.