Vues éparses
Une exemple de ma grammaire latine disait : “Superbus se laudat”, l’orgueilleux se vante. J’ai suivi cette mise en garde, qui m’interdit de rédiger, au verso d’un ouvrage, une apologie de soi à la troisième personne, manie contemporaine que je déplore. Ce recueil de propos radiophoniques à bâtons rompus m’impose une franchise redoublée.
Lecteurs, c’est une baderne qui vous parle. Selon les dictionnaires, “baderne” se dit d’un homme âgé et borné. Âgé je suis ; borné, je le suis tout autant, car je connais mes limites. Ce mot caduc m’a plu après qu’un sénateur, progressiste à n’en pas douter, l’a réhabilité pour saluer, sur le ton de la haine, la disparition de Soljenitsyne. Je conclus : n’est pas baderne qui veut, mais en paie le prix. Et je m’affiche solidaire de tous ceux que la suffisance et le dépit des démagogues clouent au pilori et, si l’ordre politique à nouveau s’y prêtait, interdiraient d’écriture et de parole.
Ces conversations tournent autour de savoirs familiers, de mes fréquentations, intellectuelles ou autres, mais aussi de quelques interrogations sur le monde comme il va. À l’occasion, il est question des grandes affaires humaines, enfermées dans notre vocabulaire d’Occidentaux : la Religion, l’État, le Management, le Sujet. Mon interlocuteur, Philippe Petit, a veillé avec élégance au suivi des thèmes successifs, en m’évitant de battre la campagne inconsidérément. Au final, une chanson-poème de Guy Béart marque le terme de nos échanges.
P.L.
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für die deutsche Ausgabe : Verlag Turia + Kant, 2013