Leçons III Dieu au miroir
L’image, c’est le dogme.
Il s’agit de redéfinir le lien social, en tenant compte de ce que la pensée occidentale, pour ses raisons historiques propres, soustrait encore au questionnement : le mécanisme de l’institution des images, point de gravitation de tout système normatif.
Parce qu’une partie indéfiniment tragique se joue pour l’homme d’aujourd’hui - l’énigme de Narcisse - on ne peut aborder ces problèmes très difficiles sous la férule du scientisme. Nous avons à renouer avec l’insu ; faire place à la dimension, à l’ordre poétique du discours des images, à la fable du divin messager.
Que signifie le montage de l’Imago Dei ?
À notre époque, comme au temps de la ferveur théologienne, nos sociétés doivent affronter l’exigence universelle : fabriquer l’homme pour qu’il ressemble à l’homme, c’est-à-dire mettre en scène le Miroir absolu et fonder le lien d’image.
La logique impose sa loi. Manoeuvrer la problématique spéculaire, c’est exercer le pouvoir absolu : disposer de l’arme symbolique. En ce qu’elle touche à la passion de l’image, les instances qui composent le Miroir dans la culture - États, médias ultramodernes, sciences, juridictions, psy, etc. - touchent à l’aliénation constitutive du sujet, elles exercent la force pure. Savoir cela porte à conséquence.
Ces Leçons III dessinent définitivement un champ. Après l’anthropologie physique, puis sociale, est venu le temps, pour la réflexion contemporaine, de l’anthropologie dogmatique.
P.L.
Dans une émission radiophonique intitulée “Mythologies”, le 23 décembre 1994, Pierre Legendre a eu l’occasion d’expliciter des éléments majeurs des Leçons III. Vous pouvez l’écouter ici.
En haut : Miniature du psautier de Bonne de Luxembourg