L’Amour du Censeur
En cette Europe occidentale où se sont échafaudées les bureaucraties nationalistes, interpréter l’autorité implique une remontée plus loin, aux origines : or ce qu’un tel retour désigne comme source historique essentielle, ce n’est rien d’autre que le droit canon et la théologie scolastique.
Qu’y découvrons-nous ? Une liturgie de la soumission, doublement caractérisée. D’une part, la loi se développe en système, avec son commentaire, ses docteurs, ses excommunications ; d’autre part, le censeur est érigé en omniscient : d’être le pontife, il a droit à l’amour.
À ce modèle n’échappe pas même le discours de l’analysant, qui se présente aussi rigoureusement qu’un droit traditionnel, avec sa rhétorique de la loi et sa religion du pouvoir. Et la psychanalyse se doit de relever cette analogie entre l’écriture d’une tradition juridique et la technique du texte de l’analysant. Aussi bien, en chaque cas, ce qui transparaît, ce sont l’ordre et la symbolique sexuels.
P.L.
Araneus Hæreticus (l’Araignée hérétique), Jésuite Jean David, Cologne, 1609