La Passion d’être un autre
Déchiffrer le discours muet des corps danseurs, relire la généalogie des sciences qui discutent la vérité de la danse, repérer jusque dans les chorégraphies ultra-modernes l’anatomie mystique signée du marquage chrétien, tel est l’exercice. Le système industriel occidental continue de propager sa Scolastique civilisée, et notre bureaucratie de la culture s’occupe toujours de faire danser le corps avec l’âme.
En cette affaire - affaire d’insconscients -, s’agitent les questions de la pratique cérémonielle et d’un vaste enchaînement de références au Sexe fabuleux. Ainsi, l’esthétique fonctionne en symptôme et laisse entendre une certaine version de la croyance au phallus imaginaire. Les chorégraphies s’inscrivent comme proclamations mythologiques du sens, au coeur d’une légalité sociale.
Il s’ensuit une partie complexe, où nous jouons nos droits poétiques, c’est-à-dire où nous jouons avec notre vie. La danse est une manifestation théâtrale de l’amour, dans un espace politiquement investi. Aujourd’hui, l’idéologie gestionnaire s’y intéresse de très près.
P.L.
En haut : Chorégraphie ou l’art de décrire la dance par caractère, figures et signes démonstratifs, Paris, 1701, p. 5