Famille, Familles…
Connaissez-vous la famille des bovidés ? Aimez-vous manger en famille ? Savez-vous au moins pourquoi la famille est un mot qui sert à tant d’usages ? La famille, nous en avons plein la bouche.
Mais au cinéma, pas de baratin. Du tourment, le fer dans la plaie, de la tendresse, de l’ironie, des amours, des meurtres et des colères sans fin, la douceur de vivre, la haine des pères et mères, les jeux d’argent entre générations, les prises d’otages dans les lignées, l’adultère et la fidélité, l’horreur et l’inépuisable poésie, enfin pour faire bonne mesure Dieu et les Siens. Il y a au moins un art quotidien, qui sait remuer cet ordinaire de la famille, c’est le cinéma.
De la famille, en veux-tu en voilà.
Familles à louer, familles à vendre. Ou encore ceci : faire de l’humanité une grande famille, de l’État une société de frères, de la politique une affaire de famille. Et caetera. Vous avez là tous les thèmes classiques, inusables, remis au goût du jour par le bazar ultra-moderne.
Si vous en avez assez des théories ou des propagandes à tout-va, venez au cinéma ; vous verrez comme le cinéma dit vrai sur nos histoires de famille.
Tout le monde y tient, à la famille. Tout le monde en vient, en vit, en a l’obscur dégoût. À commencer par les fanatiques de l’amour en famille qui forcent un peu trop sur la sincérité : ils n’en savent pas plus long que ceux d’en-face, les détracteurs, ceux qui disent détester la famille.
Regardez l’enfant gâté, un fils de famille s’il en est, André Gide écrivant : famille, je vous hais ! Mais lisons la suite : foyers clos, portes refermées, possessions jalouses du bonheur. Ce pourrait être une définition pour metteurs en scène du Kammerspiel, des jeux de caméra du Théâtre de chambre. Qu’en savait-il de l’amour, de la haine en famille, l’André Gide ? Ni plus ni moins que vous et moi.
Un faiseur de la vieille école, théologien de son état, imaginait un jour que Dieu détruirait le monde, sauf lui-même et sa fille. Enfin seul, notre homme épouserait sa fille ; avec la permission d’un Dieu pervers, ils se marieraient tous les deux. Enfin dirais-je, quelqu’un a mis le doigt sur la cause du malaise : en famille on s’aime trop. Affaire obscure, dites-vous ? Sans doute, mais chacun de nous en sait quelque chose ; l’histoire stupide d’Œdipe a beau être enrobée aujourd’hui de discours savants, le tripot familial nous tient et nous n’en démordrons pas.
Qui sait ce qu’est la famille ? Les enfants peut-être, ou ceux dont l’enfance n’a pas définitivement sombré.
Venez, mais venez donc au cinéma, et vous apprendrez du nouveau, là où vous ne l’attendez pas.